Récemment j’ai suivi beaucoup d’enseignements et reçu de nombreuses initiations

In Dear Tsony..., Dharma Teachings, Français, Tsony by Tsony


Cher Tsony

 Récemment j’ai suivi beaucoup d’enseignements et reçu de nombreuses initiations. Chaque Rinpoché nous a dit combien il était  important de faire la pratique attenante.

 Quand j’ai  suivi un enseignement sur Tara Verte ainsi que l’initiation, je me suis dit qu’il me fallait absolument faire cette pratique.

 Auparavant j’avais commencé à pratiquer régulièrement Sangye Menla.

 J’ai suivi l’enseignement sur la pratique de Milarepa et en ais reçu l’initiation. Je me suis mise à la faire régulièrement. Et comme ce qui m’inspire le plus c’est de devenir un Bodhisattva, je récite également la prière de Conduite Excellente.

 Au cours d’un enseignement l’intervenant à insisté sur  l’importance de la méditation, et là je me suis dit que peut-être je voulais trop “faire”, en faisant des pratiques avec un rituel, et pas assez passer de temps en simple méditation.

 Ma vie étant très active, je n’arrive pas à maintenir toutes ces pratiques régulièrement.

 Qu’en penses-tu ?

 Ta question est malheureusement une problématique commune dans le monde du bouddhisme tibétain. Chaque enseignant, qui s’adresse à un groupe, ne peut pas donner de conseils individuels. Alors il en résulte des collisions de bonnes volontés.

 Chacune des innombrables pratiques est une méthode qui permet de conduire à bien l’entraînement fondamental de l’esprit à se défaire des voiles qui l’empêche de reconnaître sa véritable nature et par là atteindre la réalisation de sa nature éveillée.

 Abondance de biens ne nuit pas, mais le sentiment d’avoir à BIEN faire, et par là TOUT faire, nous conduit malheureusement à une impasse où l’on ressent le sentiment de trahir des promesses, un épuisement, du découragement et au final, une pauvre image de soi.

 Lorsque Guendune Rinpoché était interrogé sur ce sujet, sa réponse était : « Si tu prends refuge dans l’ensemble des aspects d’éveil présents dans l’arbre du refuge, qui omets-tu ? Qui sera fâché ? »

 Par-delà les méthodes, quel le but ? Quel est le dénominateur commun ?

Libérer l’esprit des quatre voiles qui obscurcissent sa capacité à se reconnaître et nous poussent dans des attitudes et des comportements qui génère la souffrance, pour soi et autrui.

 Dans « La voie du Bouddha », Kalou Rinpoché décrit un esprit obscurci par 4 voiles, qui l’emprisonnent dans le samsara, le cycle des existences. Kalou Rinpoche y explique comment l’ignorance est à l’origine de la création d’un soi, de la dualité, des passions et du karma…

Le voile de l’ignorance

« L’absence de connaissance que l’esprit a de sa vraie nature, le simple fait qu’il ne reconnaisse pas ce qu’il est vraiment s’appelle l’ignorance fondamentale (…) On pourrait comparer l’esprit pur, pourvu de ses 3 qualités essentielles à une eau calme, transparente et tranquille, en laquelle tout peut être vu clairement. Le voile de l’ignorance est un manque d’intelligence de l’esprit, une sorte d’opacité, semblable à la vase qui fait perdre à l’eau sa transparence limpide. L’esprit ainsi obscurci perd l’expérience de sa lucidité ouverte et en vient à ignorer sa nature essentielle.

Cette ignorance fondamentale est dite innée, parce qu’elle est inhérente à notre existence; nous sommes nés avec elle. Elle est en fait le point de départ de la dualité, la racine de toutes les illusions et la source de tous les maux. »

Le voile de la propension fondamentale

« L’esprit sous l’emprise de l’ignorance s’engage dans les illusions, parmi lesquelles la plus fondamentale, racine de toutes les autres, est la saisie dualiste en termes de sujet et d’objet. Quand l’esprit ignore l’ouverture de sa vacuité, se substitue à son expérience sans centre ni périphérie celle d’un point de référence central à partir duquel tout est perçu. Ce point, centre qui s’approprie toutes les expériences, est l’observateur, l’ego-sujet. C’est ainsi qu’ignorant sa vacuité, l’esprit engendre l’expérience illusoire d’un moi ou je.

Simultanément, la nature de sa luminosité-lucidité n’étant pas reconnue, à sa qualité auto-connaissante se substitue l’expérience de quelque chose d’autre. Ainsi, le sujet-ego connaît des choses qui lui sont distinctes, et qui deviennent des objets extérieurs. Le moi et l’autre, la dualité de du sujet et de l’objet sont nés. Ces choses autres, l’altérité, ont une double forme : les apparences du monde extérieur, et les phénomènes mentaux.

Cette propension de l’esprit à ignorer sa propre nature et à percevoir toute situation en mode dualiste est le voile de la propension fondamentale. Ce deuxième voile pourrait de ce point de vue être aussi nommé voile de la saisie dualiste. »

Le voile des afflictions mentales

« Comme nous venons de le voir, ignorant sa vacuité-ouverture et sa luminosité-lucidité, l’esprit est plongé dans la dualité. Ensuite, par ignorance de l’expérience illimitée, se développent toutes les relations existant entre les 2 pôles sujet-objet de cette dualité. Au niveau pur, l’expérience illimitée est la multiplicité des qualités éveillées, mais dans l’ignorance s’y substituent les possibilités illimitées de relations.

Le sujet dans son illusion commence par prendre les objets extérieurs comme des choses réelles; il éprouve de l’attraction envers celles qui luis sont agréables, de la répulsion envers celles qu’il ressent comme désagréables, et de l’indifférence vis-à-vis de celles qui lui semblent neutres. Si l’objet paraît agréable au sujet,, il voudra le posséder; au contraire, confronté à des objets ou des situations désagréables, il aura une attitude de rejet; enfin, il n’aura aucun relation vis-à-vis de certains objets ou situations, par indifférence ou opacité mentale.

Ces 3 types de relations -attraction, répulsion, indifférence- correspondent au désir, à la colère et à l’ignorance; ce sont les 3 poisons fondamentaux de l’esprit, les 3 passions primaires qui animent et conditionnent l’esprit habituel.

Sur la base de ces trois types de relations empoisonnées, se multiplient les nombreuses autres passions ou émotions conflictuelles, notamment l’orgueil, l’avidité et la jalousie. L’orgueil se développe à partir de ce moi qui naît dans l’ignorance; l’avidité est un prolongement du désir-attachement; tandis que la jalousie provient de la colère-aversion. Ainsi, les 3 poisons primaires se ramifient ils en 6 passions: l’aversion-colère, l’avidité, la stupidité-ignorance, le désir-attachement, la jalousie et l’orgueil. Elles correspondent (…) à 6 états de conscience caractérisant 6 mondes différents. Puis, de subdivisons en subdivision, se dénombrent jusqu’à 84.000 types de passions!

Toutes ces relations duelles et conflictuelles constituent le voile des passions. »

Le voile du karma

« Les diverses passions induisent une grande variété d’actes dualistes qui peuvent être, en ce qui concerne le karma, positifs, négatifs ou neutres. Ils conditionnent l’esprit et le font naître dans l’un ou l’autre des 6 mondes de l’existence conditionnée. C’est ce que l’on nomme le voile de l’activité conditionnée, ou voile du karma. »

 Comment procède-t-on ?

 Par le rassemblement des deux provisions, le mérite et la sagesse. Chacune de ces innombrables pratiques remplit cette fonction. Elles ne sont pas opposées, mais travaillent sur différents axes menant au rassemblement de ces deux provisions.

Elles nous conduisent toute à l’entraînement de l’éthique, de la méditation et du discernement avec des modalités différentes.

 En résumé.

– Adoptes la pratique qui te permet le plus naturellement de cultiver ces qualités et l’esprit d’éveil, et approfondis la jusqu’à sa maîtrise.

– Dans ta pratique considères que tous les autres aspects sont inclus en essence, et que donc, rien n’est abandonné.

– Fais des souhaits pour qu’au cours de tes nombreuses existences, tu aies la capacité de mener à leur terme chacune de ces pratiques  reçues de ces différents maîtres.