“…Dans cet autre jardin du Sud… il y eut, au dehors et au dedans, et accordant l’un à l’autre, un cri d’oiseau qui, en quelque sorte, ne se brisait pas à la frontière du corps et réunissait les deux côtés en un seul espace ininterrompu où il ne restait, mystérieusement protégé, qu’un lieu unique, de la plus pure, de la plus profonde conscience.”
— Rilke, “Instant vécu”, /Proses/, dans /Lettres à un jeune poète, /p. 118
“…Je me trouvais, la nuit, sur le prodigieux pont de Tolède… Une étoile tombant à travers l’espace du monde selon une lente trajectoire, tomba en même temps (comment dire cela ?) à travers mon espace intérieur : le contour isolant du corps, aboli. Et comme cette fois-là par la vue, cette unité m’avait été annoncée une autre fois par l’ouïe : à Capri, une nuit que j’étais dans le jardin, sous les oliviers, et que le cri d’un oiseau, en me fermant les yeux, fut à la fois en moi et hors de moi comme dans un seul espace indistinct d’une extension et d’une limpidité absolue.”
— Rilke, Lettre à Adélaïde von der Marwitz, 4 janvier 1919, /Correspondance, Œuvres/ vol. 3, p. 132
Merci, Claire.